«L'Etat de droit garantit-il le droit à la citoyenneté?». En Tunisie, l'épreuve de philo n'a pas surpris les candidats au bac. «On s'attendait tous à une question sur la démocratie. D'ailleurs, la plupart n'ont pas préparé les autres sujets», raconte Safa, qui étudie au lycée d'el-Menzah 6, quartier chic de la capitale tunisienne.
Pour les 126.767 candidats, le baccalauréat achève une année scolaire chamboulée par la révolution. Voilà six mois, Mohamed Bouazizi, jeune vendeur à la sauvette, le bac pour tout diplôme en poche, s'immolait par le feu à Sidi Bouzid, marquant le début du «printemps arabe».
Les semaines de soulèvement qui ont précédé la fuite de Ben Ali, le chaos semé par ses partisans dans les jours, même les mois, qui ont suivi, ont entraîné des arrêts de cours. «On a eu peur de l'année blanche, poursuit Safa. Nous, nous n'avons manqué que deux semaines de cours. Dans d'autres régions, il sont restés deux mois sans école.»
A la reprise, plusieurs lycées ont fait leur révolution. A el-Menzah, la directrice a été «dégagée». «C'était une RCDiste [membre du RCD, l'ex-parti de Ben Ali, ndlr]. Elle intimidait les élèves et les professeurs, elle avait instauré un système de délation. Lors d'une grève, elle a donné les noms des élèves contestataires à la police. Plusieurs ont été convoqués, retenus pendant plusieurs heures», rapporte Mohamed Esseghir, qui enseigne le français. Depuis son départ, ajoute son collègue prof