Après quelques jours d'accalmie, plusieurs centaines de milliers de protestataires se sont réunis vendredi sur la place du Changement de Sanaa, la capitale yéménite. «Le peuple a provoqué la chute du régime, le peuple veut la formation d'un Conseil intérimaire», chantaient les protestataires, hostiles au régime du président Ali Abdallah Saleh.
Quelques heures plus tôt, le vice-ministre de l'Information, Abdo al-Janadi, avait affirmé que le chef de l'Etat «rentrerait au Yémen dans les prochains jours». Blessé par une explosion le 3 juin dans la mosquée de son palais présidentiel, Ali Abdallah Saleh est hospitalisé depuis en Arabie Saoudite. «Ô roi Abdallah [d'Arabie Saoudite], garde chez toi Ali Abdallah», ont scandé les manifestants.
Un retour du président Saleh semble aujourd'hui d'autant moins probable que son état de santé semble plus grave que ce qui a été annoncé par le gouvernement. «S'il n'était que légèrement blessé, il ne serait pas resté invisible depuis son hospitalisation. Il y aurait au moins une photo ou une vidéo de lui», explique Laurent Bonnefoy, chercheur à l'Institut du Proche-Orient. Surtout, les Etats-Unis, l'Union européenne et l'Arabie Saoudite poussent le chef de l'Etat yéménite à signer un plan de médiation préparé par le Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui regroupe les monarchies de la région. Cet accord prévoit le départ du président dans les trente jours en échange d'une immunité pour lui et ses proches. Ir