Julius Malema fait peur. Le président de la Ligue des jeunes de l’ANC (African National Congress), le parti au pouvoir, obsède l’Afrique du Sud confortable, celle qui prétend, depuis les élections démocratiques de 1994, que le pays est réconcilié et que le temps guérira plaies et inégalités.
Le 24e congrès de la jeunesse de l'ANC, qui s'est terminé hier à Johannesburg, a consacré la réélection jeudi de Malema à la tête de la Ligue des jeunes (Ancyl). Même la date est symbolique. Le 16 juin est le jour de commémoration des émeutes de 1976 à Soweto, où 150 enfants et adolescents sont morts sous les balles de l'apartheid. Malema envoie ainsi un signal fort : lui aussi est un révolutionnaire. «Nous sommes des combattants de la liberté économique, explique Dumisani Mashimimi, délégué de l'Ancyl à Soweto. Nos frères dorment encore dans des bidonvilles. Nous voulons de l'argent et nous irons le chercher où il est, chez les Blancs.»
Tabous. Malema ose aborder publiquement des sujets tabous depuis l'élection de Nelson Mandela, comme la redistribution des terres ou la nationalisation des mines. Dans un documentaire local, A Story of South African Mining, il accuse les Blancs d'avoir «tout volé, les terres, les ressources, le pouvoir». Il n'hésite pas à présenter Robert Mugabe, le dictateur zimbabwéen, comme son modèle et prône une nationalisation sans compensation : «Pourquoi devrais-je payer pour quelque chose qui m'a