Menu
Libération
Analyse

Une nouvelle Constitution marocaine «en trompe-l’œil»

Article réservé aux abonnés
La réforme présentée par Mohammed VI renforce le rôle du Premier ministre sans vraiment limiter les pouvoirs du roi. Le Mouvement du 20 février a protesté hier.
publié le 20 juin 2011 à 0h00

Fin du suspense. Ceux qui manifestent depuis quatre mois pour obtenir une monarchie parlementaire ne l’auront pas, du moins pas dans l’immédiat. Dans le projet de réforme constitutionnelle présenté par Mohammed VI, vendredi soir, le roi voit ses pouvoirs clarifiés mais pas substantiellement limités. Un rééquilibrage qui permet de muscler le rôle du Premier ministre et du Parlement sans toucher à l’essentiel des prérogatives du monarque. C’est ainsi que le chef du gouvernement ne sera plus nommé d’autorité par Mohammed VI, mais obligatoirement issu du parti arrivé en tête des élections. Ce «président du gouvernement» peut également dissoudre le Parlement, mais le roi doit auparavant être consulté.

De la même façon, le Premier ministre propose le nom des membres de son cabinet tout comme des ambassadeurs et des walis (préfets), mais c'est le roi qui les nomme. «En matière de répartition et d'architecture du pouvoir, cela reste quand même une Constitution loin d'être démocratique», analyse Mohammed Madani, professeur de sciences politiques à Rabat. Résultat, pour les uns, cette nouvelle Constitution permet une «transition démocratique» ; pour les autres, c'est une «démocratie en trompe-l'œil».« Il y a de vraies avancées, mais aussi beaucoup de verrous qui n'ont pas sauté», résume Bachir Rachdi, cofondateur de Transparency Maroc et du Forum citoyen pour le changement démocratique, une coalition de 300 personnalités de la socié