Conseillère d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique, Donatella Rovera revient de Libye où elle a enquêté sur les exactions commises du côté des rebelles. Interview.
Il y a eu de la part des forces loyales à Kadhafi des crimes de guerre à grande échelle, on sait moins ce qui s’est passé dans les zones contrôlées par l’opposition…
Au début du soulèvement, des ressortissants étrangers et des soldats ont été tués. Ce sont des cas particuliers, il n'y a pas eu d'exactions à grande échelle. Mais cela s'est greffé sur un fort sentiment de racisme et de xénophobie dans la population qui s'en est prise à des gens de couleur dont elle disait qu'ils étaient Africains alors qu'ils pouvaient très bien être du Sud de la Libye. Or, rien n'a été fait du côté des autorités pour enquêter et traduire en justice les auteurs de ces actes. Les gens du Conseil national de transition (CNT) [organe de direction de l'opposition, ndlr] sont contre ce qu'il s'est passé, mais ont-ils la volonté politique de faire quelque chose et de se confronter aux rebelles dont ils dépendent pour leur sécurité ? Il faudrait que le CNT dise de manière plus forte son opposition à ces exactions.
Certains ont-ils été à la solde de Kadhafi ?
Ce mythe persiste. On continue à penser que les tueries ont été commises par des mercenaires. Or, il n'y a dans les prisons [de l'opposition, ndlr] que 9 ou 10 étrangers. La conséquence d'un tel mythe est qu'on est arri