L'apartheid, c'était l'esprit de balkanisation. Sur une carte, cela ressort bien. Le «grand apartheid» avait transformé l'Afrique du Sud en une peau de léopard : les taches étaient des homelands ou, en pseudo-africain, des bantoustans («pays des Bantu»). Certains étaient censément indépendants, tel le Bophuthatswana, relativement riche, ou le Ciskei ; d'autres étaient justes des réservoirs ethniques comme le KwaZulu, le Swazi ou le Ndebele. En fait, pour chaque territoire, il y avait un statut juridique différent.
A l'époque de la ségrégation raciale érigée en système, le plus grand apartheid s'appelait «la ligne de front». C'était tout simplement la frontière entre le pays de l'apartheid et les Etats voisins dans lesquels l'armée sud-africaine intervenait soit ponctuellement soit par mouvement rebelle «fantoche» interposé - ou les deux. La Namibie, alors le Sud-Ouest africain, était même occupée depuis que les Allemands avaient dû l'évacuer, après la Première Guerre mondiale.
A partir de 1975, l’Afrique du Sud pouvait ainsi faire la guerre en Angola, à la fois contre le régime marxiste de Luanda, contre les rebelles namibiens et contre les soldats cubains venus aider les deux. En décembre 1988, grâce aux accords dits quadripartites, la guerre froide a pris fin en Afrique - neuf mois avant la chute du mur de Berlin - avec le départ négocié de 50 000 soldats cubains d’Angola en échange de l’accession à l’indépendance de la Namibie.
C'est alors qu'a son