Des coups de sifflet, une bousculade, une fille dénudée qui brandit un carton rouge devant des journalistes. Oleksandr Popov, le chef de l’administration de la ville de Kiev, reste stoïque sur les marches de la mairie, mais fait une mine dépitée. L’opération avait pourtant été organisée avec soin. Une trentaine de caméras de télévisions étaient rassemblées pour l’inauguration d’une horloge décomptant les jours restant avant le coup d’envoi de l’Euro 2012 de football en Pologne et en Ukraine. Seulement voilà, encore une fois, l’ONG féministe Femen sont venues leur gâcher la fête.
Depuis 2008, les 300 militantes de l'organisation sont devenues célèbres dans le monde entier : pour lutter contre le tourisme sexuel, les discriminations ou la censure politique, elles manifestent seins nus dans les rues de Kiev. «Nous n'avons que notre esprit et notre corps pour nous battre», assure dans un sourire, Inna Chevtchenko, 21 ans, une des fondatrices de l'organisation. «Il fallait bien trouver un moyen de faire passer nos revendications, le simple fait de protester est déjà nouveau en Ukraine.»
Le message semble avoir porté, les journalistes et les interviews font office de caisse de résonance et le mouvement est progressivement devenu un haut lieu de ralliement de la société civile ukrainienne. «A l'origine, nous voulions lutter contre l'exploitation sexuelle des femmes dans notre pays, mais aujourd'hui des gens de toute sorte viennent nous voir pour que nous les aid