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Libération
Interview

De Robespierre à l’ultramaoïsme

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Henri Locard, historien, revient sur les années françaises des dirigeants khmers rouges .
publié le 27 juin 2011 à 0h00

Professeur invité à l’université royale de Phnom Penh, Henri Locard est un historien spécialiste des Khmers rouges. Il revient sur le passé des inculpés qu’il a eu l’occasion de rencontrer.

Qui sont ces jeunes Cambodgiens qui arrivent à Paris après la Seconde Guerre mondiale ?

Ils font partie d’un groupe de 250 étudiants qui arrivent dans la capitale au début de la guerre froide. Il n’y a pratiquement aucun prolétaire. Hormis quelques aristocrates, ils sont presque tous boursiers du gouvernement cambodgien. Saloth Sar (le vrai nom de Pol Pot, le futur leader des Khmers rouges) est arrivé en 1949, de même que Ieng Thirith, la future épouse de Ieng Sary, qui obtiendra une maîtrise d’anglais à la Sorbonne. Ce dernier arrive à Paris en 1950 pour s’inscrire à Sciences-Po. Khieu Samphân, lui, rejoint plus tard la France pour faire des études de droit et d’économie à Montpellier et à la Sorbonne, où il passera sa thèse en 1959. Ces étudiants ne se sont pas initiés au marxisme en France, ils étaient déjà politisés en quittant le Cambodge.

Quand ce groupe crée-t-il le Cercle marxiste-léniniste ?

C’est assez progressif. D’abord, il s’agit d’un groupe informel, fondé par des étudiants passionnés par la politique et surtout par la question de l’indépendance. A cette époque, toute l’élite cambodgienne, de l’étudiant révolutionnaire jusqu’à la famille royale, était en faveur de l’indépendance. Mais leur désaccord portait sur la manière de la conquérir. Très vite, elle se divise en deux branches : ceux qui étaient pour la négociation pacifique et la collaboration avec la France, et les plus radicaux. Ces derniers, influencés par la r