Il aura fallu trente-deux ans pour que des hauts dirigeants du gouvernement khmer rouge soient confrontés à leurs crimes. Quatre leaders du régime génocidaire - Nuon Chea, ex-numéro 2 du régime ; Ieng Sary, ancien chef de la diplomatie ; Khieu Samphân, ancien chef d’Etat ; et Ieng Thirith, ex-ministre des Affaires sociales - vont, à partir d’aujourd’hui, répondre de leurs actes devant un panel de juges cambodgiens et étrangers à Phnom Penh.
Contrôle. Les Khmers rouges ont fait périr 1,7 million de Cambodgiens entre 1975 et 1979 par une campagne systématique d'exécutions et l'utilisation de la famine comme arme de contrôle politique. Vu le profil des accusés, motivés dans leur entreprise de transformation radicale de la société par l'adhésion à une version extrême du maoïsme, ce procès, qui pourrait durer deux ans, sera nettement plus politique que ne l'avait été celui de Duch, le chef du centre de tortures S-21, où 16 000 détenus ont été exécutés. Duch a été condamné l'an dernier à trente-cinq ans de prison, réduits à dix-neuf pour tenir compte des années de détention déjà effectuées. Un verdict qui a soulevé l'indignation des victimes.
Le document de 430 pages rédigé par les juges d'instruction est unanimement reconnu comme un travail de recherche solide, qui met en lumière à la fois les rôles respectifs des accusés, mais aussi les mécanismes internes du régime. «Ce procès est un tournant pour le Cambodge. Il va façonner notre vision sur la façon d'utilis