L’illusion n’a duré que quelques heures, le temps d’une fête. Le 21 mai, à l’occasion de la cérémonie d’investiture d’Alassane Ouattara, le nouveau président de la Côte-d’Ivoire, Yamoussoukro a joué son rôle officiel, celui de capitale administrative et politique du pays. Hôtels pleins à craquer, convois avec gyrophares circulant dans un concert de sirènes, foule des grandes occasions brandissant des drapeaux à l’effigie du héros du jour. Mais dès le lendemain, cette ville située au centre du pays, au beau milieu de la savane arborée, retombait dans une torpeur toute provinciale. Loin, très loin de l’agitation frénétique d’Abidjan, à 250 kilomètres plus au sud, où sont concentrés tous les ministères, les ambassades, et les grands groupes industriels. Une agglomération de six millions d’habitants. Mais Yamoussoukro y croit encore. Le tombeur de Laurent Gbagbo n’a-t-il pas promis, durant sa campagne électorale, d’en faire le nouveau centre du pouvoir ?
Des boulevards à huit voies
«Vous êtes un homme de parole», lui a lancé le maire de cette cité d'un peu plus de 200 000 habitants, le jour de l'investiture. Il sera peut-être entendu. Alassane Ouattara, l'homme du Nord, sait qu'il doit sa victoire dans les urnes au vote massif des Baoulés, majoritaires dans cette région. En s'installant ici, il leur enverrait un signal politique fort. Et il s'inscrirait dans le sillage du «père de la nation», Félix Houphouët-Boigny.
C'est en effet sous son règne, en 1983, que Yamoussoukro a été promu au rang de capi