Les vannes de la contestation sont ouvertes au Sénégal, où la situation apparaît hautement imprévisible. Hier, au lendemain de scènes de guérilla urbaine à Dakar, mais aussi en province, l’armée a été déployée aux abords de plusieurs ministères, tandis que des blindés ont fait leur apparition autour de la présidence. Comme un symbole d’une coupure irrémédiable entre le président Abdoulaye Wade et son peuple.
Jeudi, les jeunes étaient descendus massivement dans la rue pour protester contre un projet de réforme électorale conçu pour permettre la réélection du chef de l’Etat, âgé de 85 ans, et favoriser le passage de témoin à son fils, Karim Wade. Le régime a dû reculer face à la détermination des manifestants.
«Bougie». Cette fois, il risque d'avoir du mal à éteindre cette nouvelle vague de contestation, liée à des problèmes de vie quotidienne. Lundi soir, des foules de jeunes s'en sont pris violemment aux bureaux de la compagnie nationale d'électricité, la Senelec. Dix de ses agences ont été détruites à Dakar et dans ses faubourgs, ainsi qu'à Keur Massar, Mbour et Thiès, à l'est de la capitale. Le ras-le-bol est général face aux délestages de plus en plus fréquents et de plus en plus longs.
«On ne peut avoir aucun loisir, on doit s'éclairer à la bougie et on ne peut pas faire la cuisine, témoigne un universitaire installé à Dakar, qui a tenu à garder l'anonymat (1). Il y a aussi le problème de la conservation des aliments. On doit jeter tout ce qui