Dans la venelle aux murs tagués, ils déboulent torses nus, foulards noués sur leur visage aux yeux brûlés. Sur Tahrir en colère tournent les lumières des ambulances. Panaches noirs des incendies des barricades, gaz blancs des lacrymos. La nuit est vrillée par les tracés des grenades, les éclairs blancs des pavés et les flammes des Molotov. Tout à l'heure, des balles en caoutchouc ont ricoché sur les trottoirs.«Regardez-les, ce sont les mêmes ! Rien n'a changé, ils nous tirent dessus, nous sommes revenus au 28 janvier !» hurle un chebab, déchargeant sur les marches sales un nouveau blessé.
Leurre. Mardi au crépuscule, et plus de quinze heures durant, le centre du Caire a replongé dans l'atmosphère émeutière de la révolution de janvier, quand plusieurs milliers de personnes ont convergé sur la place Tahrir, défiant les forces de l'ordre. A l'origine de leur colère, des violences entre la police et des familles de «martyrs» de la révolution, qui manifestaient pour réclamer l'accélération des poursuites contre les responsables de la répression. Le ministère de la Santé a décompté plus de mille blessés à l'issue des violences.
Que s'est-il passé ? Police, manifestants, deux versions. Les autorités disent être intervenues contre les désormais fameux «baltageyas», chargés des basses œuvres, que l'on dit payés par les forces de la contre-révolution pour infiltrer les rassemblements, jouer les casseurs, instiller la division parmi la populati