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TRIBUNE

Guinée : la démocratisation en trompe-l’œil d’Alpha Condé

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par Tierno MONENEMBO, Ecrivain guinéen, prix Renaudot 2008
publié le 5 juillet 2011 à 0h00

Le scrutin présidentiel de novembre dernier visait un double soulagement : celui des Guinéens échaudés par cinquante-deux ans de dictatures (parmi les plus longues et les plus meurtrières d’Afrique) mais aussi celui de la communauté internationale hautement préoccupée par une Afrique de l’Ouest minée par les guerres civiles, le trafic de drogue et le terrorisme. Une élection même imparfaite dans un tel pays ne pouvait que réjouir face aux vieilles psychoses que peuvent représenter le syndrome rwandais, le cauchemar ivoirien, les légions islamistes ou le fantôme de Dadis Camara.

Mieux vaut un mauvais départ qu’un brusque retour en arrière. La Guinée, à son tour, devait tenter le plongeon démocratique avant que ses vieux démons ne la rattrapent. Tout nouveau leader serait le bienvenu pour peu qu’il fût disposé à tourner la page. A la bonne heure : le président élu Alpha Condé promettait le changement dans un pays qui en avait fort besoin. Cela suffisait à faire oublier, ne serait-ce que pour un moment, son élection controversée et ses propos tribalistes qui avaient entraîné un véritable pogrom contre les Peuls dans son fief électoral de Haute-Guinée. Il aurait tout le temps pour s’améliorer après son investiture puisque, c’est entendu, la démocratie dorénavant revêt des vertus purificatrices, même sous les doux cieux d’Afrique.

Alors, qu’en est-il six mois après ? La Guinée est-elle entrée en démocratie ? Le président Condé a-t-il apporté le changement promis ? S’il est trop tôt