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Libération

Pastiché, un patelin autrichien s’échine à dénoncer la Chine

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publié le 5 juillet 2011 à 0h00

Cloner les villes européennes est à la mode chez les promoteurs immobiliers chinois, et leur dernier projet en date consiste à construire à l'identique une bourgade autrichienne classée à l'Unesco. Elle s'appellera Wukuang Hashitate. «Hashitate», c'est la traduction en mandarin de Hallstatt, pittoresque amas de maisons de bois, coincé entre un lac aux eaux profondes et des falaises vertigineuses de la région touristique du Salzkammergut. «Wukuang» renvoie au gigantesque conglomérat minier maître d'œuvre du projet. En avril, les pelleteuses entraient en action, prestement mais sans tapage. Six ans de travaux sont prévus, 645 millions d'euros seront investis pour faire sortir de terre la copie conforme de ce décor idyllique, typique d'une immuable Autriche, à l'abri des bouleversements du monde. Tout doit être semblable à l'original, des toits pentus des fermettes au clocher baroque. C'est à ce prix que les riches Chinois de la préfecture de Huizhou, dans le sud de la Chine - 4 millions d'habitants, la plus productive du pays - se rueront sur les 900 logements à vendre.

Seul souci, et pas des moindres : dans les Alpes, personne n'avait eu vent du projet ! Et les vrais habitants du vrai village, qui ont appris l'existence de leur double asiatique dans la presse ce mois-ci, sont sous le choc. «J'en suis toute retournée», répond Monika Wenger, la propriétaire du Grüner Baum, l'auberge du centre, aux journalistes du monde entier qui affluent désormais à sa porte.