«Mais qu'est-ce qu'ils veulent encore !» hurle un jeune homme du quartier de Sebta, à Casablanca, le visage crispé, les yeux révulsés de colère. Depuis dix minutes, avec une dizaine d'autres jeunes, il jette tout ce qui lui passe sous la main sur les manifestants du Mouvement du 20 février : pierres, planches en bois et sacs d'ordure. En face le cortège de 3 000 personnes serre les rangs, scandant «pacifique ! pacifique !» protégé par les forces antiémeutes et une dizaine de policiers juchés sur des mobylettes qui raisonnent gentiment les lanceurs de pierre sans les arrêter. «On nous a donné la Constitution, on a dit oui, qu'est-ce qu'ils veulent de plus !» poursuit le jeune homme, entouré de ses copains qui hurlent frénétiquement «vive le roi !»tout en brandissant des drapeaux marocains et jurant qu'ils n'ont pas été payés pour jouer les trouble-fête. A dix mètres de là, Amine, membre de ce Mouvement du 20 février qui avait appelé à boycotter le référendum, manifeste presque toutes les semaines depuis quatre mois et revendique son droit à continuer de battre le pavé : «On n'a pas répondu à nos revendications : une santé publique de qualité, un accès égal à l'éducation, moins de corruption, une vraie démocratie au Maroc et une vraie monarchie parlementaire !» Et maintenant qu'une nouvelle Constitution a été largement approuvée par les électeurs ? «On va continuer !»
Frustration. Tout comme ce cort