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Libération

La fondation des Mères de la place de Mai frappée par le scandale

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par Mathilde Guillaume, Correspondante à Buenos Aires
publié le 8 juillet 2011 à 0h00

Il y a rarement eu autant de caméras et de photographes le jeudi, sur la place de Mai. Comme toutes les semaines depuis trente-trois ans, les Mères de la place de Mai ont coiffé leur fichu blanc et réclament justice et mémoire pour leurs enfants disparus lors de la dictature militaire. Mais le bruissement dans la foule de spectateurs n’évoque pas leur combat pour les droits de l’homme. Il s’émeut du scandale de corruption qui secoue l’association la plus célèbre et active d’Amérique latine, et éclabousse jusqu’à la présidence de la République. Sergio Schoklender, le fondé de pouvoir de l’organisation, en est le principal suspect. En charge de la fondation Rêves partagés, créée par les Mères et financée par l’Etat à hauteur de 210 millions d’euros pour la construction de logements sociaux, son style de vie tapageur a fini par attirer l’attention. Ferrari, jet privé et yacht sur le río de la Plata, il est soupçonné d’avoir détourné plusieurs millions.

L'association a d'abord fait corps autour de son protégé, arguant d'un «complot» contre celui que la présidente, Hebe de Bonafini, considérait comme son «fils adoptif». Mais celle qui a incarné comme personne la résistance à la dictature a fait volte-face et se dit aujourd'hui «trahie». Elle réclame que Sergio Schoklender, ainsi que son frère Pablo, qui travaillait également au sein de la fondation, soient durement punis : «Ces maudits voleurs doivent être enfermés pour toujours.» Les frères Sch