Près de 80% du pétrole soudanais se trouve au Sud, mais la seule raffinerie et le port d’exportation (et l’oléoduc qui y conduit) sont au Nord. Ces deux données résument bien la complexité de l’enjeu pétrolier. Le Soudan uni était le troisième producteur du continent noir, mais séparé, il est hémiplégique. Sans exportation, pas de recettes pour le Sud. Sans accord de transit, plus de recettes pour le Nord. Et le Nord comme le Sud sont pétrodépendants à plus de 90% pour leurs recettes. Khartoum et Juba sont donc condamnés à s’entendre. Ce n’est pas encore le cas, malgré six mois de négociations acharnées. La question est d’autant plus délicate que s’y mêlent des considérations capitalistiques (à quel prix le Nord va-t-il céder ses parts dans la société nationale d’hydrocarbures au Sud ?) et financières (quelle est la part de la dette globale du Soudan qui va échoir au nouvel Etat ?).
Jusqu’à présent, chaque partie a montré ses muscles. Le Nord a menacé de fermer son oléoduc si le Sud n’offrait pas un prix satisfaisant pour le transit. Le Sud a menacé de construire un pipeline vers le port kényan de Lamu, pour évacuer son pétrole. Mais cette solution dispendieuse prendrait plusieurs années. Le Sud-Soudan, dont les réserves ne sont pas infinies (même si Total n’a pas encore véritablement exploité sa gigantesque concession), a besoin de cash rapidement.
La négociation, qui se tient sous l’égide d’un panel dirigé par l’ex-chef d’Etat sud-africain Thabo Mbeki avec l’aide de facilita