Samedi, au petit jour, sur l’autoroute qui mène à La Aurora, l’aéroport de Guatemala Ciudad. Une camionnette se place devant la Range Rover blanche pour l’obliger à ralentir, deux autres véhicules se positionnent de part et d’autre du 4X4 et arrosent à l’arme automatique chauffeur et passager. Le mode opératoire est celui de dizaines d’assassinats en Amérique centrale et au Mexique, le crime organisé règle ainsi ses comptes liés le plus souvent au narcotrafic. La victime du guet-apens n’est pourtant ni un parrain de la drogue ni un riche industriel ou un homme politique : l’Argentin Facundo Cabral, 74 ans, était l’un des chanteurs-auteurs-interprètes les plus respectés du monde hispanophone.
Mystique. Les circonstances de sa mort ont laissé en état de choc toute l'Amérique latine. Plusieurs chefs d'Etat ont immédiatement fait part de leur émotion. En Equateur, le président Rafael Correa a chanté à la radio quelques vers de Pobrecito mi Patrón («Mon pauvre petit patron»), une des chansons les plus engagée de Cabral, homme de gauche déclaré. Quant au convalescent Hugo Chávez au Venezuela, il a réagi sur son compte Twitter avec l'emphase qui le caractérise : «Ah quelle douleur ! On a tué le grand troubadour de la pampa ! Pleurons avec l'Argentine!» Le président du Guatemala Álvaro Colom a décrété trois jours de deuil national et demandé qu'on «ne politise pas ce crime».
Peu de temps auparavant, la militante indigène Rigoberta Menchu, pr