Le Sénégal n'arrive pas à se débarrasser de Hissène Habré. Après avoir annoncé vendredi son intention d'extrader l'ancien président tchadien vers son pays, le gouvernement a fait machine arrière. Il a cédé aux nombreux appels, à commencer par celui de Navi Pillay, haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme. Elle estimait que, faute de garantie sur la capacité du Tchad, où Habré a été condamné à mort par contumace en 2008, de tenir un procès équitable, l'extradition de l'ex-dictateur «pourrait constituer une violation du droit international».
Abdoulaye Wade, le président sénégalais, n'avait pourtant pas caché son agacement face à une saga judiciaire qui dure depuis 2000 : «L'Union africaine m'avait confié ce dossier, je regrette de l'avoir accepté. Maintenant je vais m'en débarrasser.»
Dakar n'a jamais fait preuve de beaucoup d'empressement. Saisie par des victimes en 2000, la justice sénégalaise s'est déclarée incompétente à juger pour complicité de crime contre l'humanité l'ancien chef d'Etat, réfugié sur son sol depuis 1990. Le pays n'a pas non plus répondu à la demande d'extradition émise en 2005 par la justice belge, au terme d'une enquête qui a recensé 12 008 décès pendant les huit années de pouvoir d'Habré. Face à l'Union africaine (UA), qui lui a demandé en 2006 de juger ce dernier«au nom de l'Afrique», Dakar a renâclé en raison du coût d'un tel procès. Mais, en novembre, les bailleurs internationaux ont débloqué les fonds. Puis l'UA a pr