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Interview

«Obama a été avisé : le gel de l’aide au Pakistan ne concerne pas le volet civil»

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Christophe Jaffrelot, directeur de recherches au Centre d’études et de recherches internationales :
publié le 12 juillet 2011 à 0h00

Deux mois après l’exécution d’Oussama ben Laden, les querelles se multiplient entre les Etats-Unis et le Pakistan. Dimanche, Washington a décidé de suspendre plus d’un tiers de son aide militaire à Islamabad, soit environ 800 millions de dollars (570 millions d’euros) sur les quelque deux milliards de dollars que les Etats-Unis versent chaque année à leur allié. Christophe Jaffrelot, directeur de recherches au Centre d’études et de recherches internationales, analyse les conséquences d’une telle décision.

Pourquoi cette annonce américaine intervient-elle maintenant ?

Elle intervient - dans un contexte d'extrême rigueur budgétaire - au terme d'un enchaînement d'événements qui a démarré le 2 mai avec l'élimination de Ben Laden lors d'un raid d'un commando américain à Abbottabad. A ce moment-là, l'opinion publique et les élus du Congrès américain en déduisent que l'Etat pakistanais entretient des complicités avec la nébuleuse islamiste, puisque le chef d'Al-Qaeda vivait au cœur d'une ville-garnison. Quelques jours plus tard, ils s'inquiètent à nouveau de l'opération commando menée par les talibans dans la base navale de Karachi. L'attaque dure de longues heures, tue au moins une trentaine de personnes et cause la destruction de matériel et d'armement, notamment des avions sophistiqués fournis par les Etats-Unis. Là encore, Washington estime qu'une partie de l'armée pakistanaise affiche une sympathie protalibane. L'assassinat du journaliste Syed Saleem Shahzad [réputé pour ses enquêtes sur les liens présumés entre Al-Qaeda et l'armée pak