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Libération
Reportage

Yefren, à nouveau libéré, totalement saccagé

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Prise par les miliciens, reprise par les chebabs, la ville de 20 000 habitants s’est muée en cité fantôme marquée par les exactions des soldats de Kadhafi.
publié le 12 juillet 2011 à 0h00

S’il n’y avait les chants des oiseaux, Yefren serait une ville silencieuse, comme morte. Personne ne discute sur les trottoirs, aucune voiture ne circule. Seuls quelques chats efflanqués se promènent parmi les gravats et les ordures. Yefren, dans le nord-est du djebel Nefoussa, est une ville fantôme.

La cité, qui comptait plus de 20 000 habitants en janvier, a vécu le soulèvement du 17 février, les saccages des milices de Muammar al-Kadhafi et l’arrivée de l’armée libyenne. Reprise par la rébellion le 12 juin, Yefren n’a pas eu le temps de se reconstruire. L’école est en ruines. Ses vitres sont cassées, sa façade percée de trous causés par les roquettes Grad. Des voitures, brûlées ou écrasées, gisent le long des rues. Une carcasse de bus est restée en travers de la chaussée, à côté de trois chars carbonisés. Les poteaux électriques sont tombés. Et partout, sur les façades, les murs, les toits, les portes, les grilles d’entrée, des impacts de balles et de roquettes.

Mercenaires. Yefren s'est soulevé le 20 février, trois jours après le mouvement lancé à Benghazi, dans l'est du pays. «Il y a eu quelques manifestations, rien d'impressionnant. Les habitants ont juste créé une commission politique», explique un employé de l'hôpital. Mais la ville est peuplée en majorité de Berbères, méprisés par le colonel Kadhafi, qui les compare à des «rats». Le 10 avril, le régime vise la ville à coup de roquettes et d'obus. Les habitants qui étaient encore là s