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TRIBUNE

Négocier avec Kadhafi avant la scission de la Libye

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par Jean-Yves Moisseron, Par Jean-Yves Moisseron Chercheur à l’Institut de recherche pour le développement et au laboratoire Dreem (Développement des recherches économiques euroméditerra-néennes)
publié le 13 juillet 2011 à 0h00

Comme cela était logiquement prévu, l’intervention en Libye s’est traduite par un enlisement qui s’annonce durable et qui risque de déboucher sur une scission du pays même dans l’hypothèse du départ de Kadhafi. Cela s’explique par le caractère tribal de la société libyenne, qui a été réactivé dans la période récente et qui devient, dans la guerre et le conflit, un élément décisif de restructuration de la société libyenne. L’enlisement du conflit conduit à trois éléments imbriqués : les tribus libyennes ont reformé un système bipolaire d’alliances ancestrales ; l’opposition entre les deux pôles recoupe les zones d’exploitation pétrolière ; la durée du conflit consolide ce système d’alliance, rend très difficile le rétablissement d’un compromis nécessaire à la reconstruction de la paix civile et l’instauration d’un régime démocratique. D’où la nécessité d’une solution politique négociée impliquant Kadhafi et son clan.

La force du Guide libyen dans les premières semaines du conflit a tenu à sa capacité de s’assurer l’alliance de deux grandes tribus majoritairement installées en Tripolitaine, les Warfalla et les Magariha, après une courte période d’incertitude et la défection de certains sous-groupes de ces tribus. Il est certain que l’intervention de l’Otan et les bombardements ont largement contribué à la reconstitution de cette alliance, ainsi qu’à l’attentisme de la population civile. Cette alliance de l’Ouest permet aujourd’hui à Kadhafi de résister à l’offensive récente men