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Analyse

Les limites de la surpuissance

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Les forces occidentales sont dépassées face à la guérilla des talibans.
publié le 14 juillet 2011 à 0h00

Jamais une guerre importante n'a été à ce point asymétrique. D'un côté, 135 000 hommes représentant les meilleures armées du monde, dotés des équipements et des armements les plus sophistiqués. De l'autre, quelque 20 000, peut-être 30 000 combattants armés de façon dérisoire. D'un côté, la puissance et le feu. De l'autre, la terreur artisanale et des techniques surannées de guérilla. Pourtant, comme l'a montré l'attentat d'hier contre le bataillon français, c'est le faible qui accable le fort. Et si le ridicule tuait encore, ce serait une hécatombe dans les rangs des états-majors, y compris français, qui, d'année en année, ont fait assaut de déclarations triomphalistes. Comme celle relevée il y a quelques années dans les Mémoires du général Tony Franks, qualifiant les opérations militaires «de succès sans réserve et absolus». C'est vrai qu'il était impensable au départ qu'une alliance aussi formidable que l'Otan puisse perdre une guerre contre quelques régiments de gueux. C'est pourtant ce qui est en jeu actuellement.

Sursaut. En 2004, alors que les talibans encore sonnés par l'attaque américaine de l'hiver 2001 qui les a chassés du pouvoir, n'ont pas encore fini de se réorganiser, un haut responsable du renseignement américain faisait déjà ce constat : «La conduite de la guerre en Afghanistan approche de la perfection,dans le sens qu'elle est menée de façon parfaitement inepte» (1). Depuis, la stratégie militaire américaine a connu