Pendant des années, ce fut un défilé ininterrompu dans sa résidence du quartier de Cocody, à Abidjan. L’hiver dernier, les diplomates occidentaux et les dirigeants africains se pressaient encore chez lui, cette fois pour l’inciter à reconnaître sa défaite après l’élection présidentielle. En vain. Mais depuis sa chute, le 11 avril, Laurent Gbagbo a disparu de la circulation.
Loin d’Abidjan, l’ancien président est assigné à résidence à Korhogo, une ville du nord qui n’a pas été choisie par hasard : c’est l’un des fiefs du nouveau chef de l’Etat, Alassane Ouattara. Officiellement, il s’agit de le protéger d’éventuelles attaques. Mais ce souci sécuritaire permet surtout au nouveau régime de le mettre en quarantaine. Sa protection rapprochée est assurée par les ex-rebelles des Forces républicaines de Côte-d’Ivoire (FRCI), tandis que des Casques bleus sécurisent le périmètre.
Aréopage. Laurent Gbagbo réside dans une villa construite sous le règne de Félix Houphouët-Boigny, destinée à accueillir les hôtes de marque. Il y est donc confortablement installé. «Gbagbo va bien, mais il se plaint d'être coupé du monde, et notamment de ne pas pouvoir consulter ses avocats», dit une source bien informée. Ces derniers - un aréopage comprenant notamment Roland Dumas et Jacques Vergès - dénoncent le «flou juridique» qui entoure sa détention. De fait, l'ex-président n'a toujours pas été mis en examen. Mais, selon un diplomate européen, il est sous le coup d'une