Il aura fallu à la cour criminelle de Tizi Ouzou, à 100 km à l’est d’Alger, moins de trois heures pour clore l’une des affaires les plus sensibles de ces dernières années : l’assassinat du chanteur kabyle Lounès Matoub. Le procès de ses deux assassins a finalement eu lieu avant-hier. Dans le box des accusés, Abdelhakim Chenoui, repenti du Groupe islamiste armé (GIA), et Malik Medjnoun, inculpés pour appartenance à un groupe terroriste et complicité d’assassinat. Les deux hommes, arrêtés en 1999, sont en détention provisoire depuis douze ans.
Dès leur arrivée à l'audience, des cris de protestation les ont accueillis. «Libérez Medjnoun et Chenoui, ramenez les vrais commanditaires ! C'est une parodie de procès», s'emporte Malika Matoub, la sœur de Lounès, vêtue d'une tenue kabyle orange. Elle refuse que le nom de Matoub soit prononcé. «Ce n'est pas le procès des assassins de mon frère», explique-t-elle avant de quitter le procès comme les autres parties civiles. «Pouvoir assassin», lancent des membres de la Fondation Lounès-Matoub.
Ombre. Car le procès est loin d'avoir levé toutes les zones d'ombre sur la mort de Lounès Matoub. Le chanteur a été assassiné le 25 juin 1998 dans une embuscade. Un groupe armé le prend pour cible à bord de sa voiture alors qu'il est avec sa femme et ses deux belles-sœurs sur une route de montagne. Il ne survivra pas à ses blessures. La population de Kabylie, pour qui Lounès Matoub est devenu le port