Que s’est-il passé lundi à Hotan, une oasis de 120 000 habitants dans le sud du Xinjiang ? A 17 h 35, la présentatrice de CCTV 13 annonçait de manière laconique qu’un membre de la Police armée du peuple avait été tué et plusieurs gardes blessés dans l’attaque d’un commissariat par des émeutiers. L’agence gouvernementale Xinhua précisait les choses : vers 12 h 30, un groupe a pris d’assaut un poste de police et retenu des otages, dont deux seraient morts pendant l’assaut des forces de sécurité. Ce qui laisse penser qu’il s’agissait d’une émeute sociale, comme il s’en passe plus de 70 000 par an en Chine, de l’aveu du gouvernement.
A son tour, le Congrès mondial des Ouïghours, organisation d’opposants en exil qui milite pour les droits au Xinjiang, a donné sa version des faits. Par la bouche de son porte-parole, Dilshat Rexit, il déclarait à l’agence Associated Press que l’émeute était liée à des saisies illégales de terres appartenant à des Ouïghours et qu’elle a dégénéré avec l’intervention de la police. Les deux versions pouvaient s’accorder.
«Bazar». Mais quelques heures plus tard, changement de cap de part et d'autre. Hu Hanmin, chef du bureau de l'information au Xinjiang, déclarait que la foule d'émeutiers était en fait «un groupe terroriste» armé de «grenades» et de cocktails Molotov qui a délibérément attaqué le commissariat en jetant des tracts indépendantistes et en «hissant un drapeau». Dès lors, l'émeute locale était en tra