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Libération
Reportage

En Hongrie, l’extrême droite prospère en écrasant les Tsiganes

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A Gyöngyöspata, le parti anti-Roms a conquis la municipalité après avoir fait régner la peur.
publié le 22 juillet 2011 à 0h00

Entre le crucifix et les trophées de chasse qui ornent les murs de sa salle à manger, Oszkár Juhász, le chef local du parti d’extrême droite Jobbik, sait que son heure est venue. Dimanche, ce vigneron de 36 ans au visage poupin a été élu maire de Gyöngyöspata, un bourg de 2 850 habitants où les tensions sont vives entre Hongrois et Tsiganes, qui représentent 20% de la population.

La stratégie de la tension, appliquée par Oszkár Juhász en mars, a porté ses fruits. Le maire a démissionné et le voilà calife à la place du calife. Il a suffi qu'un groupuscule menace d'instruire les jeunes Hongrois au maniement des armes et qu'une milice de son parti défile pendant dix jours en uniforme noir dans le quartier rom du village pour que la population, qui voit en chaque Tsigane un voleur de raisins, se rallie au Jobbik. Dès l'annonce des résultats, une trentaine de petits vieux sont venus féliciter Oszkár Juhász devant la mairie. Le chauffeur de l'autocar municipal a, lui, arrêté son véhicule pour lui crier «Bravo !»

Stupeur. Dans le quartier tsigane, une combe poussiéreuse longeant la rivière Patak dont les crues d'hiver inondent les riverains, c'est la stupeur et la désolation. «Qu'allons-nous devenir ?» répète, abattu, János Farkas, chef de la communauté. Son fils, candidat à l'élection, s'était retiré in extremis, demandant aux Roms de voter pour la maire-adjointe, candidate indépendante et modérée, afin de battre l'extrême droite. La stratégie a éc