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Libération
Reportage

Les chiites bahreïnis de la rue à l’impasse

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Malgré la répression du pouvoir sunnite, les manifestations se poursuivent, nourries par l’échec du dialogue national.
par Nathalie Gillet, Correspondance à Manama
publié le 22 juillet 2011 à 0h00

C'est un jeu dangereux qui se pratique dans les villages et quartiers chiites depuis le 1er juin, date de la levée officielle de l'état d'urgence. A Bilad al-Qadeem, une banlieue modeste de l'ouest de Manama, la capitale du royaume de Bahreïn, il est 16 heures. Une manifestation «non autorisée» a été annoncée sur Twitter pour 17 heures. Malgré la chaleur, quelques petits groupes de trois ou quatre personnes attendent sur le pas d'une porte ou entre deux voitures. Ils savent que tout près, la police antiémeute patrouille déjà dans le quartier, dont elle a bloqué les entrées. Aux abords d'un grand terrain vague, point de départ prévu de la manifestation, une vingtaine de jeunes femmes en abaya noire se sont déjà rassemblées. Elles crient à tue-tête «Hamad dégage !» à l'intention du roi de Bahreïn.

Nabeel Rajab, le représentant d’une organisation respectée de défense des droits de l’homme, sort de sa voiture et s’approche. Les visages s’illuminent, on le salue, on lui demande de poser pour la photo, on lui offre à boire. Rajab est aujourd’hui la personnalité la plus populaire du pays, une sorte de héros national des chiites. Malgré son passage à tabac en mars par des hommes cagoulés, il est l’un des seuls à continuer de dénoncer à visage découvert les atteintes aux droits de l’homme à Bahreïn.

Gaz lacrymogènes. Des hommes arrivent peu à peu pour rejoindre les femmes, mais ils n'en ont pas le temps. Par dizaines, des policiers surgisse