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Libération

Egypte : la révolution lâchée par la population

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Tahrir . L’armée qui joue la division, les Egyptiens épuisés : la marche organisée samedi a fait 200 blessés.
publié le 25 juillet 2011 à 0h00

Il s’est allongé sous sa tente, le regard perdu. Autour de lui, comme une armée désemparée, les derniers occupants de la place Tahrir pansent leurs plaies. Depuis que la marche qu’ils ont organisée samedi a sombré dans la violence, l’heure est à la réflexion : comment continuer sans s’aliéner l’opinion publique ?

Partie de Tahrir, la foule, grosse de plusieurs milliers de personnes, entendait protester devant le QG du Conseil suprême des forces armées (CSFA) au pouvoir. Cela afin d’exiger, une fois de plus, la mise en œuvre des revendications d’une révolution dont l’armée s’était portée garante : purge de l’ancien système, des médias, accélération des procédures judiciaires contre les potentats de l’ancien régime… Une initiative très controversée, tant le reste de la population, épuisée par l’instabilité comme par la paralysie politique et économique du pays depuis le soulèvement de janvier, voit dans son armée - hier si crainte - la seule force capable de préserver l’Egypte.

Ficelles. Stoppés par les barbelés et les tanks, les manifestants se sont fait attaquer par des civils, vraisemblablement de très nombreux hommes de main, jetant des pierres depuis le toit des immeubles ou chargeant, armés de bâtons ou de lames, depuis les rues adjacentes. Impressionnantes scènes de guérilla urbaine, ponctuées par les tirs en l'air de l'armée, les lacrymogènes de la police et les Molotov des assaillants jetés sur les manifestants. Au total, plus de 200 blessés. «Jouer