Deux photos d'Anders Behring Breivik se succèdent sur les chaînes de télévision norvégiennes. Sur l'une, un jeune homme blond aux yeux bleus, col de polo relevé, pose de trois quarts. Sur l'autre, une silhouette floue, vêtue d'un uniforme, marche sur des rochers entre des corps inertes. Anders Behring Breivik, 32 ans, voulait, selon son avocat, «changer la société, ce qui, selon lui, nécessitait de faire la révolution». Inculpé d'actes de terrorisme, il a affirmé aux policiers qu'il était le seul responsable des attaques commises vendredi à Oslo et sur l'île voisine d'Utoya. Selon un bilan provisoire, 93 personnes ont été tuées et 97 autres blessées. Breivik devait comparaître aujourd'hui devant la justice norvégienne.
Hier matin, devant la cathédrale où se déroulait une cérémonie en mémoire des victimes, les habitants d'Oslo semblaient abasourdis, incapables de comprendre comment un Norvégien inconnu et sans histoire a pu se transformer en tueur fou. «Je ne sais pas qui il est, juste qu'il est abject. Il nous a fait vivre un cauchemar absolu», explique Simon Lindholm, un soldat de 22 ans. Un peu à l'écart, Dag Bergerson, un enseignant de 56 ans, fixe le cortège des familles des victimes. «Je suis encore trop ému pour savoir quoi penser. C'est très étrange : d'un côté, ce type me paraît être quelqu'un d'intelligent, doté d'une certaine forme de courage. De l'autre, il a détruit la Norvège telle que nous la connaissions, pacifique et ouverte.»
De 2002