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Interview

«Breivik espère que d’autres le suivront»

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Breivik, le procès d'une tueriedossier
Henrik Lunde, chercheur et spécialiste de l’extrême droite norvégienne, analyse les motivations du tueur :
publié le 26 juillet 2011 à 0h00

Henrik Lunde, ancien directeur du Centre antiraciste à Oslo, étudie depuis vingt-cinq ans les mouvements d’extrême droite en Norvège.

Hier, Anders Behring Breivik a demandé à comparaître en uniforme et refusé le huis clos, finalement imposé par le juge. Pourquoi ?

Je pense qu’il se voit comme une figure capable d’inspirer d’autres personnes. Une espèce de guerrier héroïque, construit sur le modèle d’un personnage de fiction. Il y a une volonté de mise en scène comme le montrent ses photos qu’il a diffusées. Il est évident qu’il avait préparé l’après-fusillade. Il ne comptait pas mourir, alors que dans ce genre de situation, le suspect se suicide ou bien il tire sur les forces de l’ordre qui le descendent. Il suffisait qu’il fasse un geste et la police aurait tiré. Mais il n’a pas bougé. Il voulait parler, aux médias notamment.

Avec quelles intentions ?

D’autres que lui proclament qu’ils veulent déclencher une guerre raciale et affirment que leurs actions en seront le point de départ. Anders Behring Breivik espère que d’autres le suivront. Tout semble montrer qu’il planifiait ces attaques depuis des années. Il veut qu’elles déclenchent autre chose.

Est-ce un risque ?

Jusqu’à présent, personne n’a jamais suivi un terroriste. A l’exception d’Al-Qaeda. En général, c’est le contraire qui se produit. La bombe dans le centre d’Oslo, contre le siège du gouvernement, est une chose. Mais la fusillade sur l’île est tellement horrible que je ne pense pas qu’il suscitera des vocations.

Même sur les forums, où les débats contre l’islam et l’occupation musulmane de la Norvège sont virulents ?

Beaucoup de sites internet s’opposent à l’islam. Mais ils ne font que refléter le débat public. Il y a la peur du terrorisme, de l’islam, des musulmans… Le débat sur l’