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Libération
TRIBUNE

Nicolas Sarkozy, naufragé volontaire en Méditerranée

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Le monde arabe en ébullitiondossier
par Jean-François Bayart, Ancien directeur du Ceri et directeur de recherche au CNRS
publié le 26 juillet 2011 à 0h00

Nicolas Sarkozy a bâti sa politique méditerranéenne avec l'énergie et l'improvisation qui ont caractérisé l'ensemble de sa diplomatie. Et, là comme ailleurs, ce volontarisme brouillon se solde par un fiasco. La pierre angulaire de son action en la matière a été son refus de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Son choix aurait pu être le sujet d'un vrai débat politique, pesant le pour et le contre d'une telle option. Mais il s'est énoncé sur le mode d'une fausse évidence - la Turquie ne fait pas partie de l'Europe - reposant sur l'argument géographique éculé des «frontières naturelles» du Vieux Continent. Comme si le séisme de 1999 avait respecté celles du Bosphore et de la mer Marmara. Comme si la construction européenne n'avait justement pas consisté à transcender les frontières, décidément pas si «naturelles» que cela, du Rhin, des Alpes, des Pyrénées ou de la Manche. Comme si, enfin, l'Union européenne n'avait pas déjà tranché cette question en décidant d'ouvrir les négociations, décision à laquelle la France était partie prenante et qui oblige ses gouvernements. Nicolas Sarkozy se condamnait à une position intenable. C'est ainsi que l'on a pu entendre Pierre Lellouche, alors ministre des Affaires européennes, déclarer que «nous sommes favorables à la poursuite des négociations avec la Turquie, nous ne sommes pas favorables au point d'arrivée» (le Monde, 31 juillet 2010) ! La France a rejoint le sérail très fermé des pays dont les di