La révolution au Sénégal, c’est eux. En à peine plus de six mois d’existence, le mouvement Y’en a marre a bouleversé le paysage politique. Quand Abdoulaye Wade a voulu modifier la loi électorale pour pouvoir être élu avec 25% des suffrages, en juin, ce sont eux qui ont pris les devants et lancé les manifestations contraignant le Président à retirer sa loi. Avec leurs bonnets, leurs baskets et leur dégaine de jeunes branchés, les rappeurs de Y’en a marre ont réussi à faire descendre dans la rue des milliers de jeunes qui se désintéressaient de la politique. Le noyau dur de cette histoire, c’est une bande de potes. Ils sont rappeurs ou journalistes, et se retrouvent souvent pour discuter et refaire le monde.
Un jour en janvier, après une coupure d'électricité de vingt heures, c'est le déclic. «On s'est dit, les gars, est-ce qu'on va rester les bras croisés ?» se souvient Fadel Barro, qui écrit dans un hebdomadaire indépendant. A six, ils décident alors de lancer un «mouvement volontaire» pour «sortir les Sénégalais du fatalisme» et «amener ceux qui gouvernent à prendre en compte les problèmes quotidiens». Ça sera Y'en a marre.
SMS. Ce nom trouve vite un large écho dans un pays miné par les coupures d'électricité, les inondations, la corruption, et où les dépenses extravagantes du pouvoir, symbolisées par le monument de la Renaissance africaine construit par le président Wade, exaspèrent.
Leur stratégie : installer à travers le