«Je pourrais disparaître d'un jour à l'autre», avertissait, il y a encore quelques mois, José Claudio Ribeiro da Silva. Menacés de mort, ce cueilleur de châtaignes et son épouse, Maria do Espírito Santo, ont été tués fin mai dans une embuscade, non loin de leur domicile, dans l'Etat du Pará. Leur tort : défendre la préservation de l'Amazonie. Les soupçons se portent sur les madeireiros, les exploitants de bois que le couple d'activistes dénonçait sans relâche aux autorités. Les deux hommes encagoulés qui les ont abattus étaient visiblement des tueurs à gage à leur service. Ils ont coupé une oreille aux victimes, comme le veut l'usage pour prouver aux commanditaires que leur mission a été accomplie.
Au Brésil, la criminalité en milieu rural, d'une extrême brutalité, vise écologistes, syndicalistes et militants de la réforme agraire aux prises avec des madeireiros ou des grands propriétaires terriens. C'est particulièrement le cas en Amazonie, où de tels crimes restent le plus souvent impunis, en raison de la collusion entre élites politiques et intérêts économiques locaux. Dans le seul Etat du Pará, quelque 800 activistes auraient ainsi été assassinés lors des quarante dernières années, selon la Commission pastorale de la terre (CPT), une association liée à l'Eglise catholique. La dernière victime, Francisco Soares Oliveira, qui vivait sur un lopin de terre qui lui avait été cédé par l'Institut de la réforme agraire, a été tué dimanche de plusieurs b