Fait sans précédent, la démission des principaux responsables de l’armée turque vendredi entérine la fin de son rôle politique dans le pays.
Pourquoi ce geste ?
Quelque 250 militaires sont actuellement incarcérés, dont 14 généraux et 58 colonels, qui devaient être promus lors de la réunion du conseil suprême militaire prévue aujourd'hui, pour de présumés complots contre le gouvernementde l'AKP.«Je ne suis plus en mesure d'exercer mes responsabilités et notamment de protéger mes personnels, a expliqué le chef d'état-major, Isik Kosaner, dénonçant ceux qui veulent donner l'impression que les forces armées sont une bande de criminels.» Des attaques visant certains journaux et le gouvernement islamo-conservateur qui utilise ces enquêtes pour réduire l'influence d'une armée longtemps considérée comme l'institution la plus fiable par une majorité de Turcs. Mais l'affaire Ergenekon - complot de militaires retraités et d'ultranationalistes - puis la révélation du plan Balyoz - qui, en 2003, prévoyait l'entrée en lice de l'armée pour rétablir l'ordre sur fond d'attentats - ont changé la donne. Même si les militaires assurent qu'il s'agissait d'un scénario comme en prévoient tous les états-majors.
Quel est l’enjeu ?
La démission collective des chefs de l'armée est un aveu d'impuissance. «Aujourd'hui l'arrestation d'un général ne fait pas plus d'effet dans les journaux qu'un grave accident de voiture, note l'universitair