«L'absent s'éloigne chaque jour», dit un proverbe nippon. Premier ministre du Japon depuis juin 2010 (le 6e en cinq ans), Naoto Kan, chef du Parti démocrate (centriste), voit depuis des mois sa crédibilité s'étioler à l'aune de sa gestion controversée de la catastrophe de Fukushima. Les Japonais sont exaspérés par la désorganisation criante de l'Etat. L'affaire du bœuf contaminé qui défraie la chronique depuis trois semaines est ainsi révélatrice de l'absence d'un système centralisé de contrôle sanitaire. Mi-juillet, les autorités assuraient que du césium avait été détecté dans quelques dizaines de bœufs de Fukushima. Mais en réalité, c'est la viande contaminée de 3 000 bovidés qui a été distribuée en quatre mois dans tout le pays, jusque dans des hôpitaux et cantines scolaires.
Paralysé. Depuis le 11 mars et le séisme de magnitude 9 qui a causé l'un des tsunamis les plus meurtriers de l'histoire du pays, le Japon traverse une très grave crise, qu'illustre le moral en berne des milieux d'affaires. Au terrible bilan de la triple catastrophe (séisme, tsunami, accident nucléaire de niveau 7), s'ajoute une crise politique malvenue.
La classe dirigeante offre depuis des mois un spectacle affligeant : manque de volonté et de vision politiques, sans oublier un processus législatif quasi au point mort, la Diète étant paralysée par d'incessantes bisbilles entre les diverses formations. La crise de pouvoir affaiblit tout le pays, alors que l'économie est en r