On ne va pas découvrir que la guerre de l'information est une guerre des images. Ou que certaines images sont un moyen de poursuivre la guerre par d'autres moyens. Dès qu'un dictateur chute, pour peu qu'il ait droit à un procès à peu près légal et non pas à une liquidation, son portrait in situ, dans le prétoire, fait le tour du monde. Avec une célérité accrue par les moyens contemporains du Net.
Pour les époux Ceausescu, à l’hiver 1989, c’est quasiment en direct que la guignolade de leur «procès», puis leur exécution, fit le tour des foyers télévisuels. Après la capture de Saddam Hussein, en décembre 2003, son image, strictement «encadrée» par les militaires américains, fut à la fois contrôlée et buissonnière. D’abord représenté par l’unique figure censément désacralisée d’un vieillard hirsute et barbu, répondant au cliché du vieux fada, ce portrait qui se voulait à charge, mais pouvait engendrer quelque compassion, fut rectifié lors de son procès. Un Saddam nettoyé et bien coiffé, mais qui, profitant de sa propreté retrouvée, profita des micros et caméras pour user de cet arabe de la rue mêlé d’arabe classique qui avait assis sa popularité en Irak.
Le cas Moubarak est d'une ambiguïté comparable. Ce qu'on y voit : un vieil homme débarrassé des miracles cosmétiques du maquillage et de la teinture à cheveux. Mais son apparition sur une civière dans le box des accusés, alors que le juge allait répétait à l'assistance «je vous demande de vous asseoir», pourrait