D’abord, il y a eu le bruit des pales, l’hélicoptère dans le ciel, et elle, qui refusait d’y croire, a senti son cœur s’emballer. Puis cette attente, si longue. Et cette image, enfin, sur l’écran géant disposé devant la muraille de l’académie de police, immense complexe planté en bordure des sables, à l’entrée du Caire. Celle de Hosni Moubarak, allongé sur sa civière, en tenue blanche de prisonnier, un cathéter planté dans la main, le regard vide, les traits creusés, blafard sous la lumière crue. Comme une statue du commandeur renversée, un vieillard prisonnier de cette cage de fer aux larges barreaux où la justice égyptienne parque, comme pour mieux les humilier, ses accusés.
Silencieux. Et Samar a pleuré. C'est une mère de chahid, un des 850 martyrs tombés pendant la révolution sous les balles de la police dirigée par Habib el-Adly, ex-ministre de l'Intérieur, présent avec six de ses collaborateurs dans la cage aux côtés de Moubarak et de ses deux fils, Alaa et Gamal, pour répondre des accusations de détournement de fonds et de meurtre.
Samar tient dans ses bras la photo de son fils. A ses côtés, un homme aux épaules recouvertes par un drapeau égyptien regarde l'écran, sans mot dire. Dans les voitures, les cafés, les maisons, le pays, silencieux, s'est arrêté en ce matin de ramadan pour écouter les premières heures d'audience de ce procès qu'hier matin, encore, beaucoup croyaient inimaginable et qui du reste a vite été ajourné au 15 août. L'armée lâ