Heba Morayef, représentante de Human Rights Watch au Caire, analyse les enjeux du procès de Hosni Moubarak dont l’image, alité dans sa cage au tribunal, va marquer les esprits.
Ce procès peut-il aller au-delà du symbolique ?
Ce procès est essentiel pour l’Egypte s’il est mené dans les règles, et si la procédure est inattaquable. Il peut être un élément clé pour le futur du pays. Cela envoie un signal clair : personne n’est au-dessus de la loi, quelle que soit sa position. Un tel message a de la valeur, aussi bien sur le plan interne que sur le plan régional, et cela peut devenir une véritable source de fierté légitime pour l’Egypte… C’est absolument crucial si on veut enfin instaurer un Etat de droit, fondé sur le respect de la loi et l’obligation pour chacun d’être tenu responsable de ses actes. Cependant, je regrette que ce procès ne revienne pas sur le bilan des trente années de règne de Moubarak. Il se concentre sur les morts de la révolution, lorsque la police s’est mise à tirer à balles réelles sur la population. Cet événement a traumatisé la nation entière, et il est normal qu’on y accorde une importance majeure. Mais il est regrettable que le procureur n’ait pas pris le temps de bâtir un dossier plus approfondi, qui se serait notamment arrêté sur la politique de torture systématique. Hosni Moubarak est personnellement responsable de cette dérive, qui a atteint un pic dans les années 90.
Pourquoi Hosni Moubarak a-t-il si longtemps bénéficié d’une image positive au niveau international ?
C’était un leader autoritaire, qui a transformé l’Egypte en Etat policier basé sur la brutalité et l’impunité de l’uniforme. Il a r