C'est autant un texte littéraire qu'un témoignage. Depuis le début de la révolution syrienne, le 15 mars, la romancière Samar Yazbek a été arrêtée à cinq reprises par les moukhabarat, les redoutés et omniprésents services de renseignements, fers de lance d'une répression qui a fait plus de 2 000 morts et des dizaines de milliers de blessés. Au cours d'un de ces «séjours» forcés dans un centre d'interrogatoire, l'écrivaine a eu droit à une visite des geôles où sont détenus et torturés les jeunes manifestants. C'est ce qu'elle raconte dans Voyage au bout de l'enfer, le texte inédit en France que publie aujourd'hui Libération (ci-contre), où elle décrit le choc de la découverte de ces corps suppliciés, privés de lumière, de soins et de nourriture, exposés par leurs geôliers tels des tas de viande à l'étal. Leurs visages sont méconnaissables tellement ils ont été battus, tout leur corps est strié de plaies sanglantes.
Secret. Outre les morts et les blessés par balles, la Syrie compte des dizaines de milliers de détenus, dont 3 000 sont tout simplement portés disparus. Ils ont été enlevés chez eux, dans la rue ou au cours d'une manifestation, incarcérés, interrogés au secret. Peut-être sont-ils morts. Leurs familles ne savent rien. Parfois, ils ressortent sans savoir pourquoi, pour l'exemple probablement. Beaucoup décèdent des suites des tortures qui leur ont été infligées. Pourquoi Samar Yazbek y a-t-elle échappé ? Pourquoi s'est-on «co