«Allah Akbar, Allah Akbar» («Dieu est le plus grand, Dieu est le plus grand»). Il est presque minuit, ce mercredi soir. Ils sont trois-cents, ou peut-être un peu plus, devant la station-service où, la veille, trois jeunes gens d'origine pakistanaise ont été tués par une voiture. Ils lèvent des bougies au ciel, ils prient, de nombreux bouquets de fleurs ont été déposés.
L'atmosphère est tendue. La communauté pakistanaise s'est réveillée en demandant justice et est très en colère contre la police qu'elle accuse de ne pas les avoir protégés et contre les jeunes de la communauté africano-carribéenne à l'origine de toutes les violences selon eux. Lors d'une réunion organisée avec les autorités locales dans l'après-midi, les jeunes ont menacé de se faire justice eux-mêmes. L'annonce de l'ouverture d'une procédure pour meurtre et l'arrestation d'un suspect de 32 ans ne les a pas calmés.
Mais, ce mercredi soir, devant la station-service de Dudley Road – tenue par deux des victimes, deux frères – la police et les médias sont venus en nombre et les manifestants semblent indécis. S'ils sont nombreux à parler, certains prennent davantage la parole. Comme Harret Singh, un Sikh de 28 ans: «Nous sommes là de manière pacifique», déclare-t-il inlassablement aux journalistes mais aussi aux plus jeunes. «Bien sûr que nous sommes en colère