Chaque matin, la même scène se répète à l’extrémité de Dagahaley, un des camps de réfugiés somaliens de Dadaab, dans le nord-est du Kenya. Entre deux tourbillons de poussière, des familles marchent lentement à côté d’une charrette tirée par un âne. Leur chargement se réduit souvent à des branchages en bois et parfois des bâches en plastique, griffées de ces initiales familières bleu foncé : UNHCR (Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies). Cette procession a lieu en silence. L’épuisement se devine à travers les mouvements léthargiques de ces nouveaux arrivants. Hassan Jimaale Mohamed essuie son visage déjà empreint de sueur, alors que le soleil vient à peine de se lever. Il désigne à sa femme et ses trois enfants l’espace qui leur a été attribué, à quelques mètres d’un acacia trop rachitique pour leur offrir de l’ombre.
«kalachnikovs». Sur ce camp spontané, dont le terrain n'est pas censé être occupé par les réfugiés, la famille de Hassan va s'ajouter aux centaines de Somaliens qui débarquent ici chaque jour, fuyant la famine dans leur pays. Le camp de Dadaab, conçu pour recevoir 90 000 personnes, en accueille désormais près de 400 000. La tâche de Hassan aujourd'hui sera d'ériger une hutte ovale et de la recouvrir de tout ce qu'il pourra trouver pour les protéger du vent et de la poussière. «Nous avons marché vingt jours de Dinsoor jusqu'à Dobley [ville frontalière avec le Kenya, les deux localités sont séparées par plus de 200 kilomètres, ndlr],