Chargé de recherche au CNRS, enseignant à Sciences-Po, Roland Marchal est l’un des meilleurs spécialistes en France de la corne de l’Afrique et de ses conflits, et plus particulièrement de la Somalie.
Comment expliquer le rapide retrait des insurgés shebab de Mogadiscio samedi ?
Ils ont effectué en fait un repli stratégique. Ils se trouvaient dans une poche où étaient rassemblées leurs troupes dans la capitale quand ils ont été pris en tenaille entre les forces de l'Union africaine en Somalie (Amisom) et les milices associées au gouvernement de transition (TFG). On sait également que depuis un mois, les shebab connaissent des problèmes de munitions. A en croire certaines sources, il ne leur restait plus qu'un chargeur par combattant le week-end dernier. Ils ont des relations ténues avec Al-Qaeda au Yémen, mais elles existent. Or la crise dans la péninsule arabique, qui nécessite des hommes et des armes, rend beaucoup plus difficile des actions en Somalie. Ensuite, les insurgés ont perdu beaucoup d'hommes : en juin, le Comorien Fazul Abdullah Mohamed, [chef présumé d'Al-Qaeda en Afrique de l'Est, ndlr] a été tué à Mogadiscio et de nombreux officiers sont morts.
Donc les shebab sont beaucoup plus affaiblis ?
Ils avaient raté leur offensive du ramadan, l’été dernier. En abandonnant Mogadiscio et le grand marché de Bakara, ils perdent également l’une de leurs rentrées d’argent. Néanmoins, ils ont infligé des pertes importantes à l’Amisom. On parle d’une centaine de morts rien que pour le mois de juillet à Mogadiscio. Il s’agirait pour l’essentiel de soldats burundais. A Mogadiscio, la guerre de