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Libération

A Fukushima City, la colère sans fin des Japonais

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publié le 13 août 2011 à 0h00

A Fukushima City, ville de 200 000 habitants soumise à une radioactivité constante de 1 à 2 microsieverts de l'heure et parsemée de nombreux hot spots (des mètres carrés très radioactifs), nombre d'habitants laissent aujourd'hui exploser leur colère. Soixante-six ans après Hiroshima et Nagasaki, de nombreux Japonais ont crié «plus jamais de hibakusha !», les victimes des radiations atomiques. Beaucoup en veulent à l'Etat et à sa bureaucratie défaillante de ne pas avoir su, une nouvelle fois, les protéger face aux dangers de l'atome.

Cinq mois après le tsunami, les familles de Fukushima City sont partagées entre le désir de quitter la ville ou d'y rester, à condition de connaître les risques encourus. Or, c'est sur le credo de l'information que le bât blesse. «Les gens d'ici ont été abandonnés par les autorités. On a l'impression qu'on nous ment !» tonne Haga San, le patron d'une fonderie basée à Date, un village touché par les radiations, à 30 km de la centrale nucléaire de Fukushima. «Mes ouvriers, mon épouse, moi-même refusons de partir, mais ma belle-fille et son bébé ont déménagé à Yamagata, tandis que mon fils fait des allers-retours. Les autorités disent qu'il n'y a pas de risques. Car leur hantise, c'est de voir les gens fuir. Ils préfèrent sacrifier notre santé pour sauver l'économie locale.» Son épouse, Chizuko, s'emporte aussi : «J'ai honte d'être japonaise ! La centrale de Fukushima a été bâtie en bord de mer il y a quarante