Abdulsattar Attar n'est pas paranoïaque, juste prudent. Il a donné rendez-vous à la gare centrale de Bruxelles, à deux heures de train de son village. «Je ne pense pas que la police secrète syrienne puisse m'atteindre ici, mais je préfère ne pas divulguer mon adresse. Je reçois des menaces par téléphone ou Internet tous les deux jours en moyenne. Ils me disent qu'ils savent ce que je fais et où vit ma famille. Ils affirment que je dois cesser de critiquer le régime car, sinon, ils me feront disparaître», explique souriant, presque débonnaire, Abdulsattar Attar, qui fait la révolution depuis sa chambre transformée en bureau.
Il n'a pas de kalachnikov, simplement un accès internet et un ordinateur portable. A 25 ans, il fait partie de la petite dizaine de responsables dans le monde de la page Facebook «Syrian Revolution 2011», devenue en quelques mois le moteur de la contestation. Le régime de Bachar al-Assad interdit aux médias étrangers de filmer les manifestations, Attar et ses amis syriens organisent la diffusion d'images amateurs prises à Hama, Deraa, Damas ou Homs. Les vidéos, souvent mal cadrées et tremblantes, parfois manipulées, sont diffusées sur la plupart des grandes chaînes d'informations. «Les dirigeants politiques syriens, qu'ils appartiennent au parti Baas ou à l'opposition, n'ont pas anticipé que, comme en Tunisie ou en Egypte, la jeune génération pouvait filmer les mouvements de protestation avec des téléphones portables et envoyer les vidéos sur