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Libération
Reportage

En Angleterre, «l’ascenseur social est un mirage»

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Melissa Jane Knight, animatrice pour des jeunes défavorisés à Londres, explique les pillages de la semaine passée par un accroissement de la pauvreté.
publié le 13 août 2011 à 0h00

En rentrant chez elle lundi soir, Melissa Jane Knight, 28 ans, a reçu un texto de son copain : «Ne sors pas de la gare. Ils pillent autour.» Elle a fini par remonter dans son quartier de New Cross Gate, au sud-est de Londres. Dans la rue, elle a vu cinq voitures en attente. Cinq hommes dans chacune, entre 16 et 30 ans, qui sont descendus vers le magasin d’électroménager Currys, et sont remontés les bras chargés. «Je me suis dit : « Mais qu’est-ce qu’ils font ? »» Leurs courses, sans doute prévenus par un texto «cum now bruv» («Rapplique-toi fissa frangin»). «C’était effrayant.» Malgré ces émeutes, Melissa, volubile, veut toujours y croire. «Les grands désastres accouchent souvent de grandes choses.» Elle positive : «Finalement, très peu de gens ont participé. Beaucoup de gamins défavorisés ont dit non. C’est sur eux qu’il faut s’appuyer.» Son quartier a mauvaise réputation. «Tant mieux, comme ça les loyers restent bas», rigole-t-elle. Depuis douze ans qu’elle travaille comme animatrice pour des jeunes défavorisés, elle commence à les connaître.

Il y a quelques semaines, deux «jeunes à capuche» ont piqué le vélo de son copain. Ils les ont rattrapés. Les gamins étaient tout cons quand Melissa les apostrophait : «A quoi vous êtes bons ?» Ils ne comprenaient pas : «Eh, quoi, on t'a rendu le vélo !» «Le vélo, je m'en fous. Mais vous ? Des bons à rien.» «Ne dis pas ça.» «C'est vrai. Vous vale