Mieux vaut être un civil à Benghazi qu’à Hama. Les Libyens ont bénéficié de la protection de la communauté internationale, les Syriens sont depuis des mois massacrés, torturés, emprisonnés par milliers sous l’œil impuissant du reste du monde. La comparaison peut paraître simpliste, et l’on connaît les raisons - pas toutes infondées - de ce deux poids, deux mesures. La Syrie a une autre dimension géopolitique que le pays de Muammar al-Kadhafi, et son équilibre importe trop aux deux grandes puissances de la région, l’Iran et Israël, pour se lancer dans une intervention. Il reste que les Syriens, jour après jour, avec un courage extraordinaire, défient un régime et une famille littéralement prêts à tout pour sa survie.
Bachar al-Assad a fait de la peur son ultime arme de gouvernement, comme le montre le récit terrifiant de Samar Yazbek décrivant les cachots du tyran. Mais les Syriens continuent de manifester tant est absolu le rejet de ce régime corrompu et totalitaire qui les a humiliés. Et, alors qu’en Libye, le Conseil national de transition continue à manquer de crédibilité malgré sa reconnaissance internationale, les opposants en Syrie montrent un réel sens politique. Ils constituent un véritable recours face à un régime condamné et désormais rejeté par ses voisins et les autres pays arabes.
Si une intervention occidentale risque de détourner l’élan de l’opposition, cela ne veut pas dire qu’il faut ne rien faire. La communauté des nations doit isoler Bachar Al-Assad en dépit