Samar Yazbek, 41 ans, est l'une des écrivains les plus importantes de sa génération en Syrie. Auteure de quatre romans (dont l'Odeur de la cannelle, bientôt traduit en français), elle tient une chronique dans le quotidien panarabe Al-Hayat. Issue d'une grande famille alaouite, la communauté du clan Al-Assad, elle est très active depuis le début de la révolution syrienne. Cela lui a valu plusieurs arrestations, dont elle a fait le récit poignant dans un texte inédit que Libération a publié mercredi (lire extrait ci-dessous). De passage à Paris, elle témoigne.
Après tant d’années de dictature, la révolution syrienne vous a-t-elle surprise ?
Oui et non. Non parce que cela fait plus de quatre décennies que le peuple syrien est humilié, qu’il vit sous la coupe des services de renseignements. Ces derniers temps, ils ne se contentaient plus de contrôler la société, mais régentaient l’ensemble de la vie des citoyens. On ne jouit d’aucune liberté d’expression ou d’opinion en Syrie. Même pour voyager à l’étranger il faut disposer d’une autorisation. Ce pays ne connaît aucune vie politique. Nous vivons sous le régime du parti unique. C’est un régime militaire, pas une république. Tout cela n’est pas nouveau, mais tout cela s’est accumulé. Seulement, au temps de Hafez al-Assad, il n’y avait ni télévision par satellite, ni Internet, ni Facebook, ni YouTube. La peur paralysait les gens. Le régime pouvait réprimer une ville, une région, sans que cela se sache. D’autant que Hafez al-Assad bénéficiait d’un consensus international : Améri