Quelles méthodes d'intimidation la police politique chinoise a-t-elle employées pour contraindre l'artiste et opposant Ai Weiwei à se renier ? Détenu dans un lieu secret pendant quatre-vingts jours sous l'accusation «d'évasion fiscale», le sculpteur de 53 ans a été relâché le 22 juin à condition qu'il ne s'exprime pas sans autorisation expresse des autorités. Il était ce jour-là brièvement réapparu à la porte de son atelier de sculpture, la silhouette très amaigrie et le regard terne. Presqu'un autre homme, qui se voit aujourd'hui pratiquement réduit à paraphraser sur commande le département de la propagande du Parti communiste chinois.
Il y a quelques mois encore, le célèbre sculpteur qualifiait le PCC de «bande de gangsters» et appelait à une «révolution», s'inspirant des «mouvements jasmin» d'Afrique du Nord. Or, mercredi, dans une interview accordée à l'édition anglaise du quotidien officiel Global Times, il se ravise : «Renverser le régime par une révolution radicale ne peut résoudre les problèmes de la Chine. Le plus important, c'est un système politique scientifique et démocratique», explique-t-il dans le plus pur jargon officiel.
Ai Weiwei a depuis lors confirmé avoir bel et bien accordé au Global Times cet entretien «autorisé» depuis sa libération conditionnelle. Le quotidien officiel n'a pas publié de version chinoise de son acte de contrition, qui s'adresse très clairement à l'Occident, tout en