Vous empruntez un sentier, marchez une petite demi-heure quand soudain : un grand globe couvert en son socle par des murets de terre rouge. Vous pensez aussitôt à la Géode de la porte de la Villette à Paris, mais enrobé d'un métal doré (de l'or ?) creusé d'alvéoles qui brillent au soleil de fin d'après-midi. Vous vous asseyez sur une marche des gradins qui l'entourent, comme un amphithéâtre, et vous vous dites qu'elle n'est ni belle ni laide. Obsolète. Vous viennent à l'esprit des images de Rencontre du troisième type, film de Spielberg où des humains communiquent avec des extraterrestres par des notes de musique.
Ce n'est pourtant pas l'œuvre de Martiens. Vous savez que c'est un temple, parce qu'on vous a montré un documentaire quand vous êtes arrivé, passage obligé, au centre d'accueil d'Auroville. Un temple baptisé le Matrimandir, littéralement «le temple de la Mère», surnommé «l'âme de la cité», destiné au silence et à la méditation. Bref, au sacré.
Au Tamil Nadu (sud-est de l’Inde), des temples, on en croise par centaines, merveilles architecturales, grouillant de vie, spirituelle et terrestre, familiale et chaleureuse. Mais pas un ne ressemble à celui-là. Et pour cause : il n’est voué à aucune religion locale. Point de culte à Shiva, Ganesha et autres avatars des dieux, si nombreux que les Indiens eux-mêmes s’y perdent. Le Matrimandir est voué à un seul culte : l’utopie. Il est sorti de terre en 1968 et ce n’est pas un hasard du calendrier.
«Il doit